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La continuité de la féminité


Cette chronique est reliée à ma chronique CŒUR – « homme ou ti-gars? », dans un effort supplémentaire d’essayer de comprendre ce phénomène mais avec une perspective différente, l’érotisme. Dans le livre L’érotisme de Francesco Alberoni, l’auteur nous décrit la polarité masculine-féminine comme discontinuité-continuité.

Vous aurez deviné, que la discontinuité représente la polarité masculine et la continuité, la polarité féminine. Ce livre est un bijou et représente bien la différence entre les deux pôles qu’on l’associe ou non, à l’érotisme. Nous pouvons aussi le lire comme une métaphore tout comme je l’ai écrit dans ma dernière chronique TÊTE, « la vague et le port».

En résumé, l’homme a un érotisme compartimenté en comparaison avec celui de la femme. Pour l’homme il y a un commencement et une fin. Pour la femme, elle vit son érotisme de manière continue (d’où le nom). La femme désire la permanence du lien, l’homme désire être libre de la permanence.

Voici un extrait du livre qui décrit bien la continuité et la discontinuité: « D’un côté, le désir de continuité, de proximité, d’intimité, besoin de se sentir continuellement recherchée, aimée, désirée, plaisir de se sentir embrassée, de vivre, de respirer ensemble. De l’autre côté, le discontinu qui a besoin d’intervalles temporels et de diversité, qui préfère s’imaginer invaincu par l’amour, libre de dénouer des liens à peine formés. Que se passe-t-il si une personne du premier type rencontre une personne du second? La première vivra la rupture, le détachement, comme une perte ou une menace de perte. Le fait qu’elle soit ou non amoureuse est sans importance : la forme spécifique de son désir suffit. »

Ainsi, l’auteur, italien de surcroît, affirme, tout comme David Deida, que l’homme préfère être libre de liens, invaincu par l’amour, s’éloigner de l’intimité que la femme lui apporte. Il ajoute que « l’homme dissocie la valeur érotique d’une femme de sa valeur globale ». Ce qui veut dire qu’il peut fantasmer sur une femme qui a une valeur érotique pour lui mais dont la valeur globale ne l’intéresse pas. Compartimenté. De plus, toujours selon l’auteur, un homme qui se lasse d’une femme se borne à l’ignorer. (!!) Est-ce vraiment un comportement masculin, sociétal ou inné?

Mon questionnement devient alors le suivant : si l’homme reste figé dans la peur, se condamne-t-il lui-même à rester seul? À fuir ses responsabilités et même ses propres désirs? Si la peur n’est pas transcendée, l’homme n’est pas plus libre, il est prisonnier de sa peur, privé de l’énergie de la vie. Transcender la peur c’est ouvrir la porte à l’équilibre parce que sous le parapluie de la peur se cache les besoins, les désirs, la vie, la vraie liberté d’être soi, par choix.

Dans « It’s a Guy Thing », David Deida dit aux femmes de continuer de faire rayonner leur énergie féminine d’amour, de vie, notre « vague », pour aider les hommes à se sortir de leur torpeur, de leurs peurs, de leur prison. M. Deida écrit que l’homme a besoin de cette énergie d’amour pour ressentir la vie et même pour devenir plus fort dans leur polarité masculine.

Pour cette raison, malgré tout, et contre toutes, j’ose demander, exhorter les femmes à continuer de faire rayonner leur énergie d’amour et ce, malgré le mal, la perte, l’incompréhension. Je crois sincèrement, peut-être un peu naïvement, à une société où la différence sera acceptée, aimée, ouverte, vers l’ouverture à donner et à recevoir, à nous et à l’autre.

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